Néocritique génétique ou genèse d'une critique
Une petite pause de pure honnêteté envers notre lecteur


Si nous étions tout à fait honnêtes ici-bas, nous admettrions dès maintenant l'inavouable : Artifice, aussi plaisant pour l'œil et le cervelet soit-il, n'était pas la destination de choix du texte que vous venez de lire. Son auteur, que je me permettrai d'appeler JPG (c'est court et pratique, ça frappe et ça témoigne d'une franche camaraderie), a d'abord envisagé de le mettre en ligne ailleurs chez la compétition - et qui pourrait l'en blâmer? Davantage de lecteurs, davantage de classe, et certainement davantage de sérieux, ce sont là des davantages non négligeables.

Si le texte s'est malgré tout retrouvé dans nos pages, c'est qu'il était irrecevable ailleurs. Ailleurs, ils ont jugé la patate un peu trop chaude et, après de longues délibérations au sein desquelles ils ont nécessairement dû repenser leurs positions morales les plus fermes (celles en faveur de la chasteté et de la traite des blanches, entre autres), ils ont tranché : il fallait trancher. JPG s'est donc retrouvé avec, en retour de courriel, les recommandations d'un comité-tranchant : sur 5750 mots, 1950 étaient en trop. Plus du tiers du texte. On n'a pas voulu tout jeter, ce qui témoigne de l'intérêt manifeste du texte et de son propos ; on n'a pas voulu non plus tout garder, ce qui témoigne de choses plus délicates - au choix : éviter de faire chier le peuple (un art gracieux et valorisant, mais exigeant et compromettant) ; éviter une prise de bec avec Denis Côté ; éviter de faire du site l'instrument de ce qui pourrait être étiqueté de vengeance personnelle (JPG ayant été par le passé le collègue de sa « cible ») ; éviter de « mettre l'emphase sur un phénomène isolé de consensus mou (celui de la critique québécoise envers le film de Côté), alors qu'on aurait pu accuser une tendance beaucoup plus générale, chez certains cinéastes, à adopter des 'postures' et des discours relativement péremptoires de manière à conditionner la réception de leurs films » (et là ce sont les mots de JPG que j'emprunte). Quelqu'un de moindrement raisonnable comprendrait et acquiescerait sans doute. Pas nous (quelle surprise!), au contraire.

Déjà, le texte nous intéressait, du simple fait qu'il exposait le flanc de la critique à un acrobatique drop-kick, qu'il la ficelait par terre et urinait dessus, bref qu'il la critiquait (et c'est bien sûr Denis Côté-ex-critique bien plus que Denis Côté-cinéaste qu'il nous plaît ici d' « attaquer »). Au-delà de tout ça, la réaction discrètement couarde qu'a suscité ailleurs le texte, n'a qu'ajouté à notre intérêt puisqu'elle s'inscrit d'elle-même dans le propos du texte, et le fait résonner (alors qu'elle voulait bien sagement le raisonner - ah quel poète je fais).

C'est donc en usant de tous nos instruments de persuasion (hypnose, injection de gruau dans une artère, menaces de le dire à ses parents) que nous avons réussi à convaincre JPG de nous refiler les recommandations du comité-tranchant et de nous autoriser à mettre en ligne ce que nous avons judicieusement - et affectueusement - renommé la version bleue. Nous vous invitons donc à découvrir cette version soft de la critique et à juger de vous-mêmes qui exactement a dépassé les bornes : nous, eux, JPG - on pourrait même, avec un minimum d'habileté rhétorique, trouver le moyen de blâmer à nouveau Denis Côté.

En complément à toute cette bleutée, une lettre ouverte de JPG, constituée de fragments de courriels, de réflexions existentielles et de recettes du terroir.

La version bleue de la critique des États merdiques par le comité-tranchant
Lettre ouverte aux proposeurs de coupes et à la critique en général par JPG


Sébastian Sipat
Montréal - juillet 2005