Cinéma danois : démystifier le Dogme
Frank Rideau revu et corrigé par Éric Kennedy
genèse : tombé sur l'article innomable de Frank Rideau, Sipat considéra lui passer quelques appels anonymes menaçants puis décida qu'il valait mieux faire les choses en grand et engagea un tueur à gages.

Entre deux bouchées de danoises (une blonde et une pâtisserie) et des scénarios lunatiques, Eric Kennedy rédige actuellement son mémoire de maîtrise, qu'il consacre au Dogme 95 et à la mode vestimentaire chez les cinéastes vikings.

« Je ne sais pas de quoi à l’air James
Cameron nu, si vous voyez ce que je
veux dire » [1]

- Thomas Vinterberg

Répondant à l'invitation, j'ai jeté un oeil à cet article d’un certain Frank Rideau, sur le site de montrealadonf.com à propos du Dogme 95. Il est quand même intéressant de voir que l’on parle encore de ce manifeste lancé par quatre cinéastes danois et ce, même plus de 6 ans après sa venue au monde. Bien que l’article voulait semble-t-il démystifier le Dogme, je pense plutôt qu’il a certes contribué à le mythifier, mais surtout à brouiller les pistes qu’il voulait justement éclaircir. J’ai lu beaucoup d’articles sur le Dogme et il m’est entre autres apparu une chose: on dirait que le Manifeste est en phase de devenir comme une sorte de légende urbaine… Pourquoi? Parce que l’on en dit des choses sans trop se soucier ou sans en vérifier le contenu, ce qui peut devenir fâcheusement faux à l’autre bout. La diffusion du Dogme principalement sur l’Internet ne doit pas aider la cause, puisque beaucoup d’articles sont écrits par des « non-initiés » ou des « amateurs » (et je ne dis pas que c’est sans intérêt ici, loin de là!). Non, c’est plutôt qu’ils peuvent véhiculer des faussetés contre leur gré (ils veulent parler du Dogme certes, mais le font-ils correctement, c’est une autre histoire…). Donc, il serait juste de maîtriser ou du moins essayer de maîtriser un sujet, quand on veut en parler. Le texte de monsieur Rideau m’a laissé perplexe en maints endroits et je ne pouvais m’empêcher de me demander : « Mais a-t-il vu le film qu’il critique au moins (Les Idiots ici)?? » ou encore « Sait-il véritablement de quoi il parle et a-t-il fait un peu de recherche? ». Peut-être que ces sources d’informations étaient fausses ou incomplètes dans ce cas, puisque mes données à moi me disent tout le contraire à bien des niveaux. Je voudrais donc tenter de re-démystifier le Dogme, ou plus précisément cet article paru sur montrealadonf.com.

D’abord, quand l’auteur dit « au milieu des années 90, une bande de jeunes cinéastes danois ont décidé de s’imposer une manière de filmer… », il faudrait préciser davantage pour le bien de tous. Le Manifeste a été créé par Lars von Trier (il aura 45 ans en avril) et Thomas Vinterberg (31 ans), puis signé et publié par ces derniers et deux autres réalisateurs danois le 13 mars 1995 à Copenhague. Les deux autres sont Søren Kragh-Jacobsen (53 ans), un vétéran du cinéma danois et Kristian Levring (43 ans). Pour moi, monsieur Rideau, « jeunes cinéastes » évoque des jeunes dans la vingtaine qui font leurs premières dents sur un film… Celui qui répond le plus à cette description est Vinterberg, pour qui Festen était seulement son deuxième long métrage. Les autres sont « expérimentés » et Levring œuvre davantage que les autres du côté de la publicité. Et puis, nous verrons bien que ce n’est pas que le simple goût de s’imposer une nouvelle manière de filmer qui inspirait surtout Lars von Trier et son jeune « apprenti »… Là où j’ai commencé à me douter que l’auteur n’avait pas vérifié ses informations, c’est entre autres quand j’ai lu « Vœux de Chasteté » à la place de « Vœu de Chasteté »… Peut-être que le « x » de sa soit disant « intellec’xploitation » est venu se glisser ici, négligemment… Ce ne sont pas des vœux, mais bien un Vœu de chasteté cinématographique composé de commandements, règles, contraintes… Le Vœu est une partie du Manifeste, qui lui donne aussi les motifs et les intentions de ses signataires… À la lecture du passage, je me suis dit : « ce n’est peut-être que moi qui hallucine, il n’a sûrement pas écrit un article sans vérifier le contenu de ce dont il parle… ». Or, mes craintes se sont malheureusement confirmées plus loin quand l’auteur a récidivé dans la tromperie et la mésinformation… Il dit au 4e paragraphe : « Il y aurait seulement six films qui auraient l’apposition officielle Dogma95 jusqu’à maintenant ». C’est quoi cette manie d’angliciser un terme qui originalement en danois et en français s’écrit pareil?!? Dogme!!! Pourquoi chercher plus loin? En outre, monsieur Rideau, je vous invite à consulter l’excellent site Web du Dogme 95, où l’on retrouve le Vœu de chasteté, des extraits d’entrevues avec les quatre frères du Dogme, des informations sur les films Dogme et surtout, une liste assez impressionnante des films qui ont reçu le sceau Dogme 95! Et devinez quoi? Eh bien, jusqu’à présent, au moins 24 films ont reçu l’apposition officielle du Secrétariat du Dogme (au moment d’écrire cet article)!! Oui, vous avez bien lu! Donc, monsieur était très loin du compte… Mais bon, il est vrai que l’on a abondamment parlé pour l’instant de seulement six films Dogme, d’où la probable faute de l’auteur… Et le pire là-dedans, c’est que je ne compte même pas les films non officiels, au nombre duquel on pourrait y ajouter deux films canadiens, Johnny, de Carl Bessai, et Noroc, de Marc Retailleau, qui ont tous deux été réalisés selon les règles dogmatiques.

Quand on lit au quatrième paragraphe : « On verrait même un micro à un certain moment dans le film », j’espère que c’est John Waters qui parle encore, on le cite juste avant! Sinon, mes craintes que l’auteur n’ait même pas vu le film dont il parle reviennent… Oui, on voit un micro, et même plus! À un moment donné, on voit même un cameraman au grand complet qui passe dans l’image… On ne peut pas le manquer, avec sa caméra. Voilà un résultat de l’amateurisme volontaire qu’a choisi d’afficher le réalisateur dans son film et qui choque et dérange tant… Mais en fait, il ne faut pas oublier que les cameramen font partie de l’histoire des Idiots, puisqu’on peut y voir des entrevues et même entendre l’interviewer à l’occasion interroger les acteurs-personnages. Ici, la réalité se mêle à la fiction, la fiction devient réalité… Il n’y a pas qu’au niveau visuel que l’on peut voir des « erreurs ». En effet, il y en a dans le scénario lui-même, qui a été écrit en quatre jours, selon l’information qui circule. Monsieur von Trier est conscient de ses erreurs et les avoue même, ayant préféré ne pas les corriger par souci d’authenticité… Après tout, la vraie vie est truffée d’erreurs et de gaffes, contrairement au monde « idéal fictionnalisé » du cinéma dominant que le Dogme critique.

Et non, monsieur Rideau, Breaking the Waves et Dancer in the Dark ne sont pas des films ayant le sceau Dogme 95!! On voit bien que vous ne connaissez pas le réalisateur danois!! Je ne dis pas ici que je le connais personnellement, loin de là. Je sais, par contre, qu’à chaque fois qu’il a sorti un long métrage, un manifeste y était associé [2]! En fait, le Dogme est la 4e déclaration esthétique que fait ou qui émane de Lars von Trier depuis 1981 [3]. Cela prouve que le cinéaste passe à autre chose après chaque projet ou, du moins, qu’il continue d’explorer son univers cinématographique, ce qui ne l’empêche pas de revisiter les mêmes plages de temps en temps… On comprend alors mieux pourquoi le réalisateur danois faisait autant parler de lui à chaque nouvelle sortie de film (car en plus d’être associé à un manifeste, le film était presque automatiquement choquant et perturbant!). Ah ce docteur von Trier, c’est toujours un expérimentateur, un provocateur… On se rappellera le manifeste « Je confesse! », associé à Europa (1991), dans lequel le cinéaste se qualifiait littéralement de « masturbateur de l’écran » [4]. Sachant cela, il est bien évidant que Dancer in the Dark peut être un film de « genre » comédie musicale, puisqu’il n’est pas lié au Dogme. En fait, monsieur Rideau, vous auriez dû mentionner que le Dogme, c’est Lars von Trier! C’est une partie intégrante de son univers cinématographique, le fruit de l’évolution de son style. Quand on regarde ses films précédents, on voit bien que des éléments annonçaient cette tendance vers un cinéma plus « improvisé », ce style provocateur et amateur… Alors qu’on s’attendait à ce qu’il fasse, après Breaking the Waves (1996), une production encore plus grosse et qu’il pousse davantage et perfectionne son art, le réalisateur a surpris tout le monde en faisant son film Dogme… C’était sa façon bien à lui de souligner le centième anniversaire de la naissance du cinéma et de tenter de le faire renaître, par la même occasion. Car en ce moment, notre cinéma est une belle carcasse pourrie et déserte… Son âme a été volée et des cinéastes comme von Trier viennent pour essayer de rallumer la chandelle et nous permettre de voir vis-à-vis les trous, pour qu’ensuite nous puissions voir ailleurs… Ils nous invitent à les suivre dans la noirceur, chandelle à la main pour nous guider. Ils ne réinventent rien, peut-être pas tous, mais pour réveiller, par contre, ils réussissent!

D’ailleurs, preuve que les frères du Dogme ne demeureront pas moines toute leur vie (mais demeureront-ils chastes? Là est la question!), j’apprenais récemment que Lars von Trier ne voulait nulle autre que Nicole Kidman pour son prochain projet intitulé Dogville. Il aurait même écrit le scénario pour elle semble-t-il. Ce n’est pas tout! Thomas Vinterberg aurait débarqué à Hollywood pour réaliser une histoire d’amour entremêlée de patinage artistique avec Joaquin Phoenix et Claire Danes [5]… Le titre du projet serait quelque chose comme « It’s All About Love »… Ouin, ouin, ouin… Ça ne risque pas trop d’être Dogme et chaste dans ce cas-ci, non monsieur! C’est à se demander dans le cas de Vinterberg, si le Dogme n’aurait pas été simplement une rampe de lancement pour une carrière « prolifique »… Un homme à la mer! Qu’il nage jusqu’au rivage, c’est lui qui a quitté le bateau! Et vers quel rivage il décidera finalement d’aller, à lui de décider! Faut croire que la volonté de savoir de quoi avait l’air James Cameron nu a été plus forte que tout!

Mais pour en revenir à notre auteur du jour, ce qui m’a littéralement fait tomber en bas de ma chaise, c’est quand j’ai lu l’extrait suivant: « Il faudrait, je crois, y voir plus clair et considérer le Dogme pour ce qu’il est : un mouvement pas facile à suivre (…) qui n’a pas révolutionné grand-chose jusqu’à maintenant ». Le début de la phrase s’annonçait bien. Éclaircir le Dogme, wow! Or, le constat que dresse l’auteur est vraiment trop facile et fort erroné. En fait, la preuve la plus banale est que nous en parlons encore aujourd’hui après plus de 6 ans, ce qui est quand même pas mal pour un Manifeste provenant du petit Royaume du Nord… Il est vrai que ce peut être difficile présentement de bien cerner les impacts du Dogme, puisque nous sommes entourés par ces derniers. Nous baignons dedans! Nous devons faire une opération de recul pour mieux les voir et croyez-moi, quand on le fait, c’est tout simplement formidable d’en voir le résultat! Le Dogme, nous le verrons dans quelques années, c’est la pointe d’un iceberg. Il cache bien des choses sous son manteau, regroupe bien des « phénomènes » sous son appellation… Mais le Dogme est associé aussi à des choses dont vous ne soupçonnez peut-être pas encore l’existence, et dont certaines feront parler d’elles dans un futur rapproché…

Le plus amusant, c’est que l’un des impacts importants du Dogme a été souligné pas plus loin que dans le texte de notre auteur du jour! En effet, il dit au début du troisième paragraphe: « Le cinéma danois et d’Europe du Nord, même s’ils (sic) ne font pas école depuis hier, n’ont jamais suscité autant d’intérêt depuis la popularité internationale qu’ils (dont ils) (sic) jouissent présentement »… Si ce n’est pas un impact du Dogme ça, c’est quoi alors?? Depuis qu’il y a le Dogme, le Danemark n’est plus seulement associé dans la tête des gens et des cinéphiles à Lars von Trier (si toutefois quelques-uns soupçonnaient l’existence de ce petit pays situé au nord de l’Allemagne, puis au Sud de la Suède et de la Norvège, et l’associaient par surcroît au réalisateur!). Dorénavant, il y a un autre mot dans leur vocabulaire danois… Pour les Danois eux-mêmes, par contre, il y a plus qui a changé… Commençons par quelques impacts plus locaux et européens… Le fait est que les budgets alloués aux films au Danemark ont connu une croissance remarquable depuis le Dogme et que l’intérêt des Scandinaves pour leur cinéma a suivi une tendance semblable. Les gens vont davantage voir les films de leur pays. Les frères du Dogme disent qu’après la sortie de Festen et Mifune, plusieurs films ont suivi, influencés par ceux-ci. Ainsi, Kragh-Jacobsen (Mifune) avance que le Dogme a fait qu’au mois de mars 2000, 44% des spectateurs ont regardé des films scandinaves, alors que les Américains obtiennent habituellement 93% du taux de fréquentation [6]. Au moment où les chiffres étaient alarmants avant la décennie 90 - entre 1970 et 1990, la clientèle annuelle en salles chutait drastiquement, passant de 24 millions à 9,6 [7] - Lars von Trier, puis le Dogme ont renversé cette tendance. Une chose est sûre, le Dogme 95 a provoqué des débats, a rehaussé et même créé davantage d’intérêt pour l’industrie danoise du film qui a connu plus de succès commerciaux que jamais [8]. En outre, plusieurs critiques parlent de Nouvelle Vague du cinéma danois… D’autres la nomment « Nouvelle-Nouvelle Vague »… D’ailleurs, quand Lars von Trier a téléphoné à Thomas Vinterberg pour lui parler du Dogme, il lui a dit ceci : « Commençons une Nouvelle Vague… ».

Et ce n’est pas tout! Le gouvernement danois a également offert, en 1999, d’augmenter son aide financière à la production cinématographique nationale. Ainsi, au cours des quatre prochaines années, celle-ci se verra majorée de 70% [9], ce qui ferait bien des heureux ici si le gouvernement avait de telles initiatives! Ce n’est quand même pas rien, non?!? Et s’il n’a pas révolutionné grand chose, alors comment expliquer cet intérêt international pour la production cinématographique d’un petit pays comme le Danemark? Sans le Dogme, notre regard ne serait pas plus posé sur le Danemark qu’à l’habitude. Sans le Dogme, il n’y aurait pas eu de films Dogme comme Festen, puisque Vinterberg déclarait en entrevue que son film a été fait à partir des contraintes. Certains avancent même que jusqu’à 95% des scènes sont nées des contraintes imposées par le Dogme (entre 90-95% en fait) [10]. Il n’y aurait pas eu davantage d’Idiots, du moins pas dans sa forme actuelle, pas plus que les autres films du Dogme. Mais l’impact du Dogme va plus loin que la frontière danoise. En fait, le Dogme est un phare qui éclaire nos nuits dullywoodiennes… Ces films dogmatiques, comme le dit Gilles Marsolais dans 24 Images (numéros 93-94), ont le mérite de « vouloir secouer de sa torpeur un cinéma soi-disant international, dont n’échappe pas le cinéma danois, devenu terriblement conformiste… » [11]. Et croyez-moi, ils ne font pas que vouloir secouer, ils réussissent, même si ce n’est pas partout pareil.

Non, l’impact n’est pas uniforme sur la planète. Nous n’avons qu’à regarder, à titre d’exemple, la liste des films Dogme sur le site Internet officiel et leurs nationalités respectives. Sur les dix-neuf films, on peut en compter, incluant les quatre des membres fondateurs, 7 du Danemark, 8 des États-Unis et 1 pour des pays comme la France, la Corée du Sud, l’Argentine, la Suède, l’Italie, la Suisse, la Norvège, la Belgique et l’Espagne. Pourtant, Internet est accessible sur toute la planète ou presque, y compris en Inde, grand producteur de films, en Chine, au Brésil, en Australie, au Japon… Alors pourquoi est-ce ainsi réparti? Parce que les besoins et moyens ne sont pas les mêmes probablement, mais aussi parce que certaines cinématographies ont déjà une industrie bien organisée, vivante et résistant quand même bien au cinéma américain (comme en Inde, par exemple) ou encore, parce qu’elles ont déjà quelque chose de similaire au Dogme, comme au Brésil, avec le retour du cinéma Nôvo brésilien (le Nôvo cinéma Nôvo dont les ressemblances avec le Dogme en ce qui a trait aux objectifs, au rapport avec le réel et l’improvisation sont nombreuses)… Mais ce que l’on remarque du Dogme, c’est son look « manifeste artistique ». Plusieurs critiques ont qualifié les films Dogme de films expérimentaux ou d’art plus que d’œuvres cinématographiques (surtout dans le cas des deux premiers et de celui d’Harmony Korine, Julien Donkey-Boy). Les films proposés par le Dogme cassent l’image préconçue que nous avons des films, surtout si notre répertoire se limite presque exclusivement aux films américains. Le Dogme a produit quelques-uns des films les plus radicaux à provenir de l’Europe au cours des dernières années [12]. Or, il est intéressant de voir que le ver est peut-être dans la pomme, du côté du cinéma américain, et qu’il est en voie de la bouffer tout rond du cœur à la pelure! Vous vous rappelez que parmi les films Dogme à venir, 6 sont américains. Le premier qui est sorti a fait beaucoup de vagues aux États-Unis. Je parle ici de Julien Donkey-Boy (1999). Normal, puisqu’il venait du réalisateur controversé Harmony Korine me direz-vous ? Peut-être, mais ce n’est pas tout. Ce film, selon certains critiques, est un exemple de ce que sera le futur du cinéma digital [13]. Peut-être est-ce également annonciateur d’une tendance du cinéma indépendant américain. Et je parle du vrai ici, pas de celui qui se nomme ainsi et qui produit pourtant des films de plus de 50 millions de dollars américains (Miramax par exemple)! Non, je parle de celui encore plus petit et pur dans le sens du terme « indépendant ». Le film de Korine en a dégoûté plusieurs, en a choqué plus d’un. Vrai qu’il est à des années-lumières de ce que l’on est habitué de voir. D’ailleurs, pour ceux qui voudraient le voir, dont vous, monsieur Rideau, il est maintenant disponible en vidéo en version originale anglaise. En fait, plusieurs disent que ce n’est pas vraiment un film, que c’est plus près de l’art et de la manifestation vidéo. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’expérimentation, ce qui m’a fait douter à bien des moments de la véritable estampille Dogme du film, mais bon, c’est Korine après tout, un réalisateur qui provoque partout où il passe et qui fait son propre chemin… D’autres ont même qualifié le film et le Dogme, « d’Oulipo du cinéma » [14]! Après tout, le Dogme se donne des contraintes créatrices pour faire des films différents et rafraîchissants, tout comme l’Oulipo en littérature! Est-ce de l’intellec’xploitation pour vous, monsieur Rideau? Je continue… D’autres critiques font allusion au phénomène « unplugged » qui a changé le visage de la musique commerciale il y a quelques années et le rattache au Dogme. Le Dogme ne serait rien de moins que son équivalent dans le monde du cinéma! Les ressemblances sont frappantes effectivement, et je pense que je peux m’abstenir de dire pourquoi. Et alors monsieur Rideau, dites-vous toujours que le Dogme n’a pas révolutionné grand chose?

Si le Dogme n’a rien changé, alors pourquoi voyons-nous des influences esthétiques dans quelques films d’aujourd’hui? L’éclairage naturel, plutôt qu’artificiel n’est pas une idée nouvelle du Dogme, bien entendu, mais ce dernier a contribué à le remettre au goût du jour. C’est la même chose pour la caméra à l’épaule, qui a maintenant cette « étiquette » Dogme (j’ai bien ri d’apprendre que la « technique Dogme » était déjà devenue un cliché [15]! Wow! Et on dit que le Dogme n’a rien révolutionné!), alors qu’avant, elle n’appartenait plus ou moins à personne. Les images à gros grains, ce n’est pas nouveau non plus, mais elles effectuent un retour marqué grâce au Dogme et les films qui s’en inspirent. Bien sûr, plusieurs parleront de Blair Witch Project (1999), certes, qui n’est pas dogmatique, tout en possédant de nombreuses caractéristiques. Or, je parlerai plutôt des ressemblances troublantes entre Wonderland (1999), de Michael Winterbottom, et les règles du Vœu de chasteté… En fait, en voyant ce film britannique, j’avais l’étrange impression de voir un film Dogme. Parmi les éléments dogmatiques qu’il possède, on retrouve la caméra à l’épaule, les images granuleuses, une histoire semi-improvisée, des moments de réalité de tous les jours captés sans essayer de les rendre plus excitants qu’ils ne le sont, le côté Ici et Maintenant, mais plus important encore, ce côté « authenticité » et « réel » qui peuple le film [16]… Les figurants sont de vrais passants, les décors ont pour la plupart été laissés tels quels, comme les cafés, les boutiques et les rues qui sont remplis de vrais gens… Je n’ai pas vu encore Lovers, le Dogme # 5 de Jean-Marc Barr, mais la description qu’il fait de son film me fait un peu penser à une sorte de Wonderland parisien (il filme également de vrais passants dans les rues parisiennes, l’équipe de tournage est elle aussi réduite au strict minimum, en plus d’observer les règles du Dogme…)... Tout comme les principes du Dogme, le film de Winterbottom brouille les pistes, change les règles narratives que nous sommes habitués de voir et modifie les méthodes de tournage traditionnelles (par exemple l’abandon du clap et de la perche, le refus d’interrompre la circulation pour les scènes de rues) [17]. Mais le film britannique n’est pas Dogme pour plusieurs raisons (outre la plus simple : il n’en a pas fait la demande!), dont celle du recours aux effets spéciaux et trucages (images accélérées et ralenties, musique de Michael Nyman qui n’a pas été enregistrée en même temps que les images, utilisation de filtres, traces de post-production telles le générique…). Julien Donkey-Boy (Dogme # 6) est un film Dogme et pourtant, il a eu recours à des trucages (dont le ralenti et les images altérées en post-production, et d’autres faits avec la caméra même au moment du tournage, ce qui peut être considéré comme « légal »…), tout comme Kristian Levring et son The King is Alive (Dogme # 4). Les frères du Dogme le disent, les règles sont là pour aider à créer différemment et pour être « brisées »… En fait, ces cinéastes, peu importe qu’ils soient « dogmatiques » ou non, démontrent tous un souci de renouveler leur art et ce, quitte à emprunter des chemins moins fréquentés ou carrément non défrichés.

Je peux aussi très rapidement parler de Timecode (2000), de Mike Figgis, dont les quatre histoires vues simultanément à l’image ont été tournées l’une après l’autre en continu, laissant large part à l’improvisation et aux « erreurs », ainsi qu’à l’éclairage et aux sons ambiants, etc.. On y ressent également l’impression de « réalisme » et « d’authenticité » si chère au Dogme… Est-ce que Figgis s’est directement inspiré du Manifeste? Il n’a probablement pas eu le temps de prendre connaissance des Idiots, mais peut-être de Festen. Surtout, il a pu lire les déclarations d’intentions et le Vœu du Dogme 95… Je vais essayer de me pencher là-dessus… Quoiqu’il en soit, la technologie du numérique est là pour tous et ils en ont bénéficié et ont constaté les possibilités qu’elle offrait avec le rapport au réel (d’où les ressemblances peut-être)…

Vous trouvez que les impacts ne sont pas assez « concrets »? Attendez de voir monsieur Rideau les prochains… En fait, si vous aviez au moins vu quelques films Dogme, vous auriez remarqué plusieurs choses, dont l’une, fort importante : les acteurs semblent plus libérés, plus authentiques et à l’aise devant la caméra. En fait, le changement majeur que le Dogme apporte dans la réalisation, c’est que les acteurs ne jouent plus pour la caméra, mais entre eux. Les films Dogme insistent davantage sur l’improvisation et le travail d’acteurs que les films réalisés actuellement. Cela donne plus de temps et de responsabilité aux acteurs. Ce sont eux qui conduisent le récit, plutôt que le contraire. D’où cette impression de « réalité » et « d’authenticité »… Les acteurs, loin de s’en plaindre, ont plutôt constaté que cela a renouvelé leur jeu, leur a permis d’être plus près de leur personnage. Même les acteurs américains dans le film de Kristian Levring (The King is Alive) ont dû s’habituer à ne pas se préoccuper de la caméra… Le réalisateur racontait en entrevue à Peter Rundle sur le site du Dogme que ces derniers étaient les plus « préoccupés par la caméra » et venaient lui demander au début laquelle des trois caméras sur le plateau enregistrait… L’acteur feu Brion James racontait que cela avait été l’expérience la plus stimulante qu’il avait vécue depuis The Player avec Robert Altman en 1993 [18]. Il aura connu le paradis d’un acteur avant sa mort, survenue quelques semaines après le tournage… Donc, « les réalisateurs le disent, les acteurs le clament et les spectateurs le voient, ça va finir par se savoir : l’une des grandes qualités du Dogme est de permettre aux acteurs de jouer sans contraintes (sic) et de s’exprimer à hauteur de leur talent » [19]. Ce fut particulièrement le cas des Idiots où les acteurs ont dû se soumettre à des scènes difficiles. Si la gêne était présente au début, elle a disparu lorsque les acteurs sont entrés dans leur rôle… La caméra devient presque un personnage dans la scène et elle suit les acteurs plutôt qu’eux la suivent. Dans tous les films Dogme, il se dégage cette impression de « réel », de « film de famille »… D’ailleurs, on risque bien de voir davantage de ce genre de film-maison ou de famille, puisque Festen (curieusement, il se nomme Fête de famille en français! Tiens donc…) semble en être la première extension cinématographique [20]. On pourrait bien voir d’autres films de ce genre, parce qu’avec la démocratisation qui s’opère dans le cinéma présentement et à laquelle participe le Dogme 95, davantage de cinéastes ont accès à des caméras de bonne qualité pour moins cher… La question sera cependant de savoir s’ils pourront être assez talentueux pour être vus sur grand écran…

Le Dogme ne fait pas que changer l’expérience de l’acteur, il bouleverse aussi celle du spectateur. Pour ce dernier, c’est évidemment une expérience nouvelle, d’autant plus s’il est habitué à ne voir que des films au conformisme facile… Le film Dogme l’interpelle constamment, vient chatouiller ses idées préconçues et ses valeurs « traditionnelles ». Il doit donc dire adieu à son rôle de bouffeux de pop-corn contemplatif et c’est bien tant mieux! Les Idiots était particulièrement perturbant, mais Julien Donkey-Boy pousse la frontière encore un peu plus loin…

Dans le cas du réalisateur, paradoxalement, les contraintes le libèrent, lui enlèvent ses filets protecteurs. Il faut qu’il réapprenne à travailler, qu’il revienne aux bases et aux contraintes qui viennent avec. Le réalisateur Søren Kragh-Jacobsen, qui a quelques décennies d’expérience cinématographique, a trouvé l’expérience éprouvante, mais rafraîchissante. Pour lui, ce fut un renouveau, une forme d’exercice de remise en forme. Jumelées au numérique, des perspectives nouvelles sont ouvertes. En fait, l’expérience est si libérante pour le réalisateur qu’il peut être tenté de tout faire, soit réaliser, tourner et monter, chose qu’il ne peut pas faire dans une grande production de studio [21]… Ainsi, il a la possibilité d’être l’auteur de son œuvre de la première étape à la dernière (drôle de paradoxe quand on sait qu’il ne peut signer son œuvre à cause de la 10e règle du Vœu!)… En plus, important renversement pour le réalisateur, il doit filmer là où les supports et les accessoires se trouvent plutôt que de tous les déplacer pour filmer là où il les veut… Ça peut paraître simple, mais pourtant, tous les réalisateurs ont trouvé cette règle difficile (d’ailleurs, plusieurs confessions de fautes ont un lien avec cette règle). De plus, la petitesse des caméras numériques permet d’avoir accès à des lieux où des tournages plus lourds n’auraient pas été possibles… Jean-Marc Barr déclarait que pour Lovers, il avait carrément joué les touristes avec ses acteurs dans les rues de Paris, évitant permis de tournage et salaire des figurants [22]… L’éclairage était suffisant et la spontanéité des gens était bien plus forte et vraie. Donc, le tournage est ramené à un niveau plus humain… Harmony Korine, lui, a poussé le tout plus loin en utilisant même des caméras et micros miniatures (d’espionnage en fait), dissimulés un peu partout! Certaines personnes étaient filmées à leur insu. On franchit une autre barrière ici!

En outre, le réalisateur et le producteur voient un changement fort encourageant pour ceux qui veulent faire des films et qui n’ont pas nécessairement des millions à investir. Avec un film Dogme, il n’est plus nécessaire de faire des films de 50 millions. Un futur post-blockbuster est envisageable. Festen a été réalisé avec moins d’un million de dollars et ce, sans même que les financiers ne voient le script [23]. Les deux films Dogme canadiens n’ont pas été en reste. Noroc a été réalisé avec un petit budget de 600 000$ [24]; Johnny 500 000$ [25]. Comme le disait Lars von Trier dans une entrevue réalisée pour le compte d’un webzine australien, ce qui valait le coup dans le Dogme, c’est le fait que des gens en Russie, en Argentine ou n’importe où ailleurs dans le monde ont réalisé qu’ils pouvaient aussi faire des films – plutôt que de continuer à penser comment c’était compliqué et coûteux d’en faire. En utilisant la nouvelle technologie, tout le monde a accès au grand écran [26]. Voici maintenant l’heure du numérique…

Il y a cependant une sorte de débat à savoir si le Dogme a créé la « révolution » du numérique que nous vivons en ce moment ou s’il a contribué à lui donner une poussée. Il est bien évident que le numérique existait bien avant les films Dogme, mais il n’était probablement pas utilisé pour l’entière réalisation d’un long métrage… George Lucas, avec son Star Wars : Episode 1 (1999) avait prouvé au monde que le numérique était la future voie du cinéma, mais disons que faire un film truffé de bibittes et de décors digitaux n’était pas à la portée de tous... Maintenant, nous arrivons à une période où les coûts ont largement diminué par rapport à il y a quelques années, ce qui rend la technologie un peu plus accessible à tout le monde. Et là arrivent les films du Dogme. En fait, je crois que ce qu’a fait le Dogme, c’est d’avoir amené la production digitale cinématographique au vu et su du public et de s’en être servi à bon escient, alors que le temps du numérique était déjà arrivé [27]. Il a créé un intérêt pour le digital, a amené une nouvelle manière de tourner. On ne tourne pas nécessairement façon « Dogme », mais on tourne en DV… Plusieurs festivals à travers le monde ont fait le saut au digital soit en 1999 ou en 2000. Sundance, le Festival International du Film de Toronto, celui de New York, acceptent et présentent tous maintenant des films sur support numérique, alors qu’avant il fallait les transférer en film ou en vidéo. Rien qu’à Toronto, l’an dernier, 5 films numériques étaient en compétition dans la catégorie Perspective Canada, dont celui du Québécois Philippe Falardeau La moitié gauche du frigo [28]. Je n’irais pas jusqu’à dire que la pellicule est menacée, loin de là. On voit plutôt que ce moyen alternatif de faire du cinéma à moindre coût gagne de plus en plus de galons et d’adeptes. Le Dogme et le numérique rappellent qu’il est temps de passer à autre chose, de faire autre chose que ce qui est largement pratiqué dans le monde cinématographique et artistique. Avec le Dogme 95, nous avons assisté à la première salve numérique contre les studios pour aider les réalisateurs fatigués à regagner leurs moyens de production, pour s’affranchir [29]… Les Américains semblent les plus frileux à vouloir tourner en vidéo, mais le fait qu’Harmony Korine ait fait couler beaucoup d’encre avec son Julien Donkey-Boy, qu’il y ait au moins cinq autres films Dogme américains sortis ou sur le point de l’être et qu’un cinéaste comme Mike Figgis ait tourné l’expérimental Timecode (2000) et qu’il s’apprête à récidiver avec un film semblable (Hotel), je pense que l’armée de la vidéo numérique compte de plus en plus de soldats. D’ailleurs, si le Dogme 95 en a été le cri d’alarme, l’année 2000 semble être « l’année charnière où la relève compte dans son armée les von Trier, Greenaway, Miller, van der Keuken et Ripstein… » [30]. Des noms qui sonnent peut-être trop comme des habitués du cinéma « underground » ou « indépendant » pour vous monsieur Rideau, mais ils ne sont plus seuls cette fois! Ces éclaireurs ont maintenant été rejoints!

Finalement, ne m’en voulez pas de vous servir, monsieur Rideau, un petit dessert. Vous dites que le Dogme n’a pas eu tant d’impact… Lisez ceci. Suite au Dogme 95, d’autres dogmes ont vu le jour. Certains sont plus littéraires que pratiques, certes, mais ils ne sont quand même pas tombés du ciel! Comment expliquer ces Dogme 99, Dogme 2000, Dogme Digital 99, Dogme 2001 et quelques autres dont « Manifeste pour Nondogme », « Credo » et d’autres qui n’ont pas de nom officiel [31]?? Ils ne sont pas tous tombés du ciel quand même, tout comme le Dogme 95, qui a repris des éléments de la Nouvelle Vague française, du cinéma Novo brésilien, de la vague « swing » britannique (et les films des Beatles), le cinéma-vérité (ou direct)… Curieusement, tous ces dogmes susnommés sont venus après le Dogme 95 et en plus de lui emprunter le nom, renferment presque tous 10 règles… Ils sont l’œuvre de gens évoluant dans le milieu, de réalisateurs/trices pour la plupart, de producteurs en plus pour certains, d’un primé à Sundance et de gens vivant aux États-Unis (jusqu’aux dernières nouvelles en tout cas!)… On peut donc être en droit de supposer qu’ils appliquent ou vont appliquer leur Dogme respectif à leurs œuvres… Bien sûr, pour nous au Québec, nous n’en verrons peut-être pas nécessairement les conséquences, mais si ces signes de contestations prennent de l’ampleur, jumelés à la démocratisation du cinéma qui s’opère présentement et à laquelle participe le Dogme 95, nous risquons de voir quelque chose se produire très bientôt! Mais voilà la cerise sur le gâteau, monsieur Rideau! Le Dogme n’a pas que des impacts dans le cinéma et en voici la preuve. Je vous donne même le lien du Dogme 2001. Ainsi, si vous êtes par hasard un concepteur de jeux vidéos, vous pourrez contribuer à cette révolution que l’on tente de créer dans le monde des jeux, ce qui lui ferait le plus grand bien. Le Dogme 95 a maintenant son équivalent dans une autre forme créatrice que nous avons tendance à oublier, puisque c’est davantage devenu une industrie qu’autre chose. En gros, le Dogme 2001 reprend les mêmes idées « naturalistes » et « fondamentales » du Manifeste danois… On veut des histoires et des sujets plus solides, des jeux moins axés sur le spectaculaire et non pas destinés à tester les capacités graphiques et spectaculaires de la machine qui les fait rouler… On veut, comme pour le Dogme 95, que les contraintes soient vues comme des aides à la création, des déclencheurs d’idées et d’originalité. On veut de l’audace! Ce qui est particulièrement intéressant, et qui rappelle l’invitation lancée par Lars von Trier aux grands réalisateurs « cosmétisés » de ce monde, c’est l’invitation aux géants des jeux comme Electronic Arts, Sony ou Blizzard à joindre les rangs de ce Dogme qui comme son prédécesseur, veut penser « en dehors de la boîte »… Et après ça, si vous n’êtes pas convaincu, monsieur Rideau, au moins serez vous confondu!

P.S. En passant, monsieur Rideau, pour le bien de tous, ce serait intéressant que vous donniez vos sources et références à l’avenir…

Ende

 

Références (les armes de l'assassin)

1 - Brian Logan, « Well, is it a new wave, or isn’t it? », [site Web] (page consultée le 12 octobre 2000).

2 - Sauf dans le cas de Breaking the Waves, où c’est le Dogme 95 associé à The Idiots qui l’a précédé, mais dont on voit déjà quelques éléments poindre…

3 - Howard Hampton, « Cannes men », [site Web] (consultée le 21 septembre 2000).

4 - Pour voir le contenu de ces manifestes, on peut consulter Lars von Trier – Entretiens avec Stig Björkman récemment paru chez les Cahiers du cinéma.

5 - Denis Côté, « Repérage », Ici Montréal, 18 au 25 janvier 2001, p. 18.

6 - Dimitri Katadotis, « Doing the Dogma – Director Gets Down to Basics with Mifune », hebdomadaire Hour, Montréal, 23 mars 2000, p. 26.

7 - Claude Beylie et Jacques Pinturault , Les films-phares du cinéma contemporain, Bordas , Paris, 1995, p. 18.

8 - Marjorie Baumgarten, « Mifune », [site Web] (page consultée le 23 octobre 2000).

9 - Evamaria Trischak, sans titre, [site Web] (page consultée le 18 septembre 2000).

10 - Mes données consultées varient entre 90-95%. Voir à ce sujet Dominique Uhde, « Premier Dogme », Journal Impact Campus de l’Université Laval, Ste-Foy, 23 février 1999, p. 17 et Brian Logan, Op. cit..

11 - Gilles Marsolais, « Illustration du psychodrame », 24 Images, # 93-94, automne 98, p. 48.

12 - Dave Kehr, Editorial profile - Mifune, [site Web] (page consultée le 23 octobre 2000).

13 - Ray Pride, « New York Film Festival Review : Julien Donkey-Boy : the future of cinema », [site Web] (page consultée le 23 octobre 2000).

14 - Eric Schlosser, « Dogme/Dogma or Live Cinema », [site Web] (page consultée le 12 octobre 2000).

15 - Michael Thomson, « Julien Donkey-Boy », [site Web] (page consultée le 23 oct. 2000).

16 - Tom Lyons, « British kitsch and kitchen-sink », [site Web] (page consultée le 17 octobre 2000).

17 - Grégory Valens, « Wonderland – Éloge de la fragmentation », Positif, no. 463, septembre 1999, p. 40.

18 - David Beresford, « Dogme Day Afternoon », [site Web] (page consultée le 12 octobre 2000).

19 - Eric Libiot, « Romance dogmée de Jean-Marc Barr », [site Web] (page consultée le 23 octobre 2000).

20 - Charles Tesson, « Vidéodrame – Festen et le film de famille », Cahiers du cinéma, no. 532, p. 32.

21 - Jason Anderson, « You say you want a revolution - Toronto International Film Festival », [site Web] (page consultée le 17 octobre 2000).

22 - Olivier Guéret, « Jean-Marc Barr : réalisateur du renouveau », [site Web] (page consultée le 24 octobre 2000).

23 - Geoffrey Macnab, « The big tease », Sight and Sound, février 99, p. 16.

24 - Paul Grant, « New film, Noroc, followed strict "Dogma" rules of filmmaking », [site Web] (consultée le 19 février 2001).

25 - Bruce Kirkland, « Johnny has little to say », [site Web] (consultée le 23 octobre 2000).

26 - David Denby, « Lars von Trier : Dogme dissolves – Chastity by Mail Order», [site Web] (consultée le 20 octobre 2000).

27 - Richard James Havis, « Production and Distribution in the Digital Age », [site Web] (page consultée le 15 sept. 2000).

28 - Jason Anderson, Op. cit.

29 - Jason Anderson, ibid.

30 - Denis Côté, « Passé, présent, futur : la vidéo en trois temps », Ici Montréal, 12-19 octobre 2000, p. 11.

31 - « Every Dogma Has Its Day », Foundation for Independent Video and Film (Janvier/février 1999)