Small Guage Trauma

Les qualités du cinéma fantastique, sous-genre qualifié, sont difficiles à évaluer. Quêtant le respect de son spectateur par la surenchère, le grand-guignole, une mise en scène démesurée et/ou des ambiances bien glauques, le fantastique se voit trop souvent confiné au cul-de-sac.

Beaucoup de réalisateurs désirent épater à un point tel qu'ils oublient l'essentiel (personnages forts, rythme soutenu, histoire convaincante). Le court-métrage fantastique se bat, se cherche, se stylise à travers les quelques minutes que lui permettent un budget étriqué. Il est encore plus difficile pour un réalisateur débutant d'affirmer son style, de prouver qu'il a quelque chose à dire et à montrer en moins de 15 minutes. Le défi est grand, mais certains tentent de le relever…

Leaving Blvd. Industriel

Réalisé par JF Lépine, jeune étudiant de l'université Concordia à Montréal, ce court d'animation possède des qualités visuelles indéniables. Lépine a un sacré coup de crayon, du talent au niveau de la direction artistique, du mouvement et des cadrages. Malheureusement, après un bon départ, le film perd tout son charme. Ces petites scènes collées les unes aux autres, montées de façon arbitraire, n'arrivent pas à convaincre et perdent (ou lassent) rapidement le spectateur. Dommage, car Lépine possède un réel talent d'animateur - ne lui reste plus qu'à s'entourer d'un bon scénariste et pourquoi pas, d'un excellent monteur.

Black XXX Mas

Très branché ce Black XXX Mas. Un peu trop d'ailleurs. Cette co-production Belgique/Grande-Bretagne emprunte tellement d'avenues et de styles que le tout s'emboîte péniblement. Une jeune afro-américaine traîne dans les quartiers louches d'une métropole « bladerunnienne ». Sur son chemin, un policier véreux prénommé Wolf finira par la manger goulûment afin de s'échapper d'une situation délicate. Par un heureux hasard, le père de la black croise Wolf et, dans un bain de sang, il finira par récupérer sa fille des entrailles du policier.

Version trash du petit chaperon rouge, Black XXX Mas possède son lot de bonnes idées. Le black santa qui entre par la cheminée comme un papa Noël mais qui s'empresse de remplir son sac plutôt que de le vider… Cet étalon en patin à roulettes qui de porte en porte, console de ses charmes les femmes esseulées… Cette étoile de police, symbole d'une oppression fasciste, qui se retrouve tout en haut d'un sapin de Noël, etc… Belle photographie qui emprunte beaucoup à la pub et au clip. Rythme et b.o. techno, générique ultra-design, Black XXX Mas est victime de la mode à tel point que le résultat reflète, tristement, une époque bénie par l'image léchée et les situations grotesques. Une époque « cool » où les personnages servent de chair à canons, les trombes de sang giclent sur les murs de façon esthétique, le chaperon rouge a de gros tétons que tous veulent tâter…

The Original Sin

Originaire de Toronto, Geoff Rayes nous offre une production typiquement canadienne. Photographie et cadres empruntés aux téléfilms du jeudi soir, thématique rappellant l'univers de David Cronenberg, The Original Sin mène son petit suspense tambour battant. Cette histoire de foetus meurtrier qu'une bande de manifestants tente de condamner avant même sa naissance pose un regard intéressant sur l'avortement. Probablement le film le plus maîtrisé de cette programmation, Geoff Rayes arrive à bien développer son idée de départ. Il ne se perd pas inutilement dans une histoire (qu'un traitement plus graphique aurait sûrement anéantie) et dans un style m'as-tu-vu.

À bras raccourcis

Film français, donc bavard (!), À bras raccourcis offre un travail intéressant sur les dialogues, une japonaise à lulu que j'aurais bien aimé me faire et une fée carrément bandante. Entre deux giclées de sang, c'est bien de faire le plein de mots et de nénettes (autre désir innavoué du festivalier commun).

Godzilla vs. the Netherlands

Que dire sur un film qui s'amuse à parodier un culte déjà ringard? Pas grand chose, si ce n'est que Godzilla ressemble à un étron sur pattes, que les maquettes sont tellement nulles qu'on a peine à discerner un bateau d'un hangar et que le rythme est si lent que l'on croirait que le tout est filmé par un Maurice Pialat nippon. Navrant.

Dias Sin Luz (Days without light)

Chouchou de Fantasia 2000, Jaume Balaguero présentait, outre son réputé The Nameless, deux courts métrage à la thématique commune : celle de l'enfance. Dias Sin Luz nous raconte l'histoire d'un gamin (à la voix de fillette), évoluant dans un univers morbide où une maman disparaît dans une cave (où est-ce un grenier?) et qu'un papa se meurt d'un virus.

Belle plastique, belle photo, images fortes et bande-son exemplaire, Dias Sin Luz égare son personnage en cours de route mais arrive à maintenir un intérêt continu. On pourrait dénigrer Balaguero pour ses images faussement symboliques, son maniérisme évident et ses emprunts bunueliens, mais moi, homme de bonne foi, je préfère lui donner sa chance. Et le personnage à une bonne bouille.

Abuelitos

Je n'ai vu que le début de ce film. Le tout semblait baigner dans une atmosphère glaçante où de petits vieux prenaient leur bain dans une eau parfois verdâtre, parfois jaunâtre. J'ai peur des petits vieux, c'est pourquoi j'ai quitté la salle pour me réfugier dans les bras lourds et l'odeur de loup du grand Mitch Davis.

 

Santo Fulci