Je rentre chez moi


Ça flotte sur la guimauve

Je rentre chez moi a tout du drame qu'on présente régulièrement à la télé les après-midi pluvieux d'automne. Et si le film est aussi manipulateur que ces Piccoli en goguette, une réalisation inventive, une distribution solide et une certaine poésie lui permettent de garder la tête hors de la guimauve.

C'est l'histoire d'un vieux comédien que l'on soupçonne de ne pas sentir frais, qui vit aussi un deuil pis qui focusse ben fort sur ses beaux souliers et un peu sur son petit fils orphelin. Ce vieux comédien accepte de jouer du Beckett et même du Joyce!

Avouez que ça sent les Piccoli en goguette à plein nez. Pourtant Je rentre chez moi est un bon film.

Le film enfile les longs plans, cadrés façon télé-théâtre, un peu loin des comédiens qui pusent de la gueule.

Je rentre chez moi repose en grande partie sur la performance de Michel Piccoli. Qui est excellent bien que sa performance ne soit pas aussi impressionnante que certains l'affirmeront. Il fait une fixation sur ses belles chaussures. La comédienne, elle, est solide presque du début jusqu'à la fin.

Manuel de Olivera, qui n'avait rien réalisé de transcendant jusque-là (deux films par année, autant que Ruiz, entre autres), livre un film qui dénote d'un réel talent. Le cinéaste réussit avec une caméra inventive, à mettre le spectateur dans les théâtres de Paris.

Cette invention, la performance des acteurs et une certaine poésie, portée en partie par la bande sonore constituée de classique, sûrement, font en sorte que Je rentre chez moi ne sombre jamais dans l'océan de guimauve sur lequel il flotte.

1 /5

Gozurra
correspondant spécial